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Le coin des PLP Lettres-Histoire
23 mai 2016

Les périodes de stage

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S'il est un élément de notre métier qui se révèle agréable, c'est celui des PFMP, comprenez "périodes de formation en milieu professionnel", autrement dit les stages.

C'est agréable, parce qu'il s'agit d'un temps où nos élèves ne sont pas face à nous, et, disons-le, ça fait du bien. Alors les lycées ont, pour faire face à cette situation, deux politiques différentes, et il s'agit bien avant chaque mutation de vérifier dans quel camp est le lycée que l'on choisit d'intégrer :

Les premiers ont décidé de faire respecter une chose étonnante : si les élèves ne sont pas là, les profs doivent quand même être présents. Hors de question de laisser les enseignants dans la nature. Ils doivent venir au lycée, tourner en rond sur leurs heures dites "de trou" et attendre que le temps passe.

Ignoble technique de fidélisation du personnel. Ou comment-donner-l'impression-définitive-aux-profs-qu'ils-ne-servent-à-rien. En effet, le professeur sans élève est comme un mur sans tag : dépourvu, vide, triste. Il erre comme une âme en peine de la machine à café à l'ordinateur, il ne sait plus à quoi il sert et se demande si sa vie a encore un sens. A quoi cela sert-il ? A rassurer les petits chefs sur l'étendue de leur pouvoir, et, à l'occasion, à toujours avoir un prof sous la main en cas de galère.

Les seconds favorisent plutôt la liberté. J'exerce dans un établissement où la politique est encore celle-ci : rien n'oblige personne à être présent quand il n'y a pas d'élève. Nous avons même s'il le faut la possibilité de déplacer des cours, quand c'est possible, pour bénéficier de demi-journées entières de liberté totale. Et l'on peut en profiter pour faire toutes ces choses que l'on ne fait jamais. C'est doux, c'est reposant, même si on voit moins les collègues, on a véritablement en soi le sentiment fou de liberté absolue. Et quand on regarde l'horloge et que l'on se dit "Tiens, là je devrais être en cours avec telle classe", alors que l'on profite d'un rayon de soleil en terrasse, c'est purement jouissif.

C'est comme ça que ça devrait se passer pour tout le monde. On devrait pouvoir être libre ainsi, on devrait tous avoir cet avantage sur les lycées généraux qui nous regardent toujours de haut. On devrait librement leur faire un gros doigt d'honneur quand ces pédants capésiens nous snobent car ils estiment que nous valons moins qu'eux, et leur dire "Rien a foutre, connard, moi je ne suis pas en cours aujourd'hui, mes élèves sont en stage !"

Quelle délectable petite vengeance...

Une sombre rumeur circule pourtant qui affirme que notre ministère souhaite nous ôter cette maigre permission, de façon stricte et définitive. Les PLP seront à tout jamais les esclaves dociles de règles qui n'ont aucun sens, et qui tendent juste à vouloir justifier l'ingrat salaire que nous touchons. Comme si l'on gagnait déjà bien trop et qu'il fallait compenser nos incroyables gains par un travail encore plus assidu et sacrificiel.

Les périodes de stage, essentiellement pour les professeurs de matières générales, certes, mais pour les autres aussi, sont ce coin de ciel bleu dans une sombre masse de nuages gris, la pauvre bouée de sauvetage dans des flots déchaînés.

Si on nous enlève la possibilité de profiter librement de l'absence de nos bambins, beaucoup risquent de perdre le courage qu'ils ont de toujours essayer d'enseigner.

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  • Aspirant, stagiaire, néotit, ou soldat aguerri de l'Education nationale, chaque PLP s'est senti seul à un moment donné. Les lettres-histoire et les autres verront peut-être ici que chacun a déjà rencontré les mêmes situations, questions et inquiétudes...
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