Préparer la rentrée

Le 15 août est passé, tictac tictac, la rentrée approche. Cette année, ô persécution ultime de notre ministère, nous commencerons le 31 août. Rien de pire, psychologiquement, que de rattaquer au mois d'août. Le prof est très sensible à ces détails : la rentrée, ça doit être en septembre, point barre.

Tictac tictac, nous sommes le 19. Il ne nous reste donc que 12 jours. Condition enviable pour la plupart des individus normalement constitués et travaillant dans des secteurs dits "normaux", compte à rebours hautement angoissant pour le prof.

Il est temps d'envisager de s'y préparer. Certains auront commencé plus tôt, d'autres n'approcheront pas de leur bureau avant le 31, d'autres encore, fins limier de l'enseignement ont déjà tout préparé en juillet.

En ce qui me concerne, je commence aujourd'hui à me remémorer les programmes et leurs incongruités.

Et je pense avec chaleur aux stagiaires. A chaque rentrée je me rappelle l'indiscible angoisse que j'ai vécue il y a huit ans, et je ne la souhaite à personne. Je n'étais pas prête. Personne n'est prêt à vivre ce qui nous attend. Les plus chanceux ne sont pas tout de suite déracinés, mais ils vont très probablement se retrouver dans un lycée difficile, juste parce que personne ne veut y aller, et qu'il faut bien, dès le départ, jauger la motivation des nouvelles recrues.

Pour ma neuvième rentrée, huitième dans le lycée où j'exerce et que j'adore (oui, j'ai cette chance), je ne suis plus trop stressée. J'angoisse un peu à l'idée de rencontrer mes nouveaux élèves, mais pas de la même manière qu'avant. Étant dans un contexte où je me sens bien, sachant à l'avance les collègues avec lesquels je vais travailler, et ayant presque choisi mes classes en fonction de ces collègues, je vis la chose assez sereinement.

Évidemment, ça n'est pas le cas pour tout le monde. Combien de collègues vont débarquer dans un nouvel établissement cette année ? Combien ignorent encore leurs classes, leurs collègues, leur lycée ? Je pourrais passer des pages à exprimer de façon virulente et implacable ma façon de voir comment notre hiérarchie et notre pays nous considèrent, mais en quelques mots : nous sommes des soldats obéissants et soumis, que l'on déplace comme des pions et qui n'ont qu'à fermer leur gueule.D'aucun trouveront cette vision simpliste, mais finalement, prenez un poil de recul et vous verrez que c'est ça.

Bref, tictac tictac, nous rentrons dans moins de deux semaines. Comment procéder pour être au point, sans trop forcer ?

Première étape : vérification et achat des fournitures. Un prof n'est rien sans son carnet de bord. Au passage, je ne suis pas payée pour faire de pub, mais je vous recommande le livre de bord "Charles Cyrrus", qui n'est pas donné donné, mais qui est très bien conçu et que j'utilise depuis cinq ou six ans. (http://www.livredebord-enseignant.com/)

Il faut évidemment aussi décider du support de nos cours : cahier ? lutin ? classeur ? trieur ? A chacun son style. J'ai essayé le trieur, mais j'étais trop bordélique, je perdais mes cours. J'ai essayé le cahier, mais c'était trop lourd et pas pratique à l'usage. L'année dernière j'étais au lutin, mais ça m'a gonflée aussi. Cette année, je suis au classeur souple et léger à 1 euro : un classeur par niveau de classe. On verra bien ce que ça donne.

Le prof a également besoin de quoi écrire et corriger : le stylo rouge étant son meilleur ami, bien que pas mal de collègues aujourd'hui aient choisi d'être plus originaux et corrigent au feutre bleu ou vert. Moi, c'est rouge ou rien. N'oublions pas le typex, qui se révèle fort utile également. N'oubliez pas non plus les cartouches d'encre pour votre imprimante, parce que ça va chauffer !

Deuxième étape après les courses : mon activité du moment : la révision des programmes, et la préparation des progressions. Les programmes sont, pour certains, tellement illogiques et brouillons qu'ils faut être assez observateur pour arriver à en tirer des éléments potentiellement intéressants pour nos élèves. Quant aux progressions, soit vous êtes très inspiré et vous les faites vous-mêmes, soit vous allez faire un tour sur différents sites ou d'attentionnés collègues ont déjà proposé des éléments intéressants dont il ne vous reste plus qu'à vous inspirer.

Troisième étape : construction de la séance de présentation. Se présenter, présenter ses attentes, son fonctionnement pour qu'il n'y ait pas de surprise, et demander de différentes manières aux élèves de se présenter. En seconde, je demande toujours aux élèves de se présenter dans un texte rédigé : ça peut déjà donner une idée de leur niveau, et ça change un peu des fiches basiques préremplies qui saoulent tout le monde. Je leur écris des questions au tableau, et ils doivent répondre sous forme de phrases construites. Des élèves, par le passé m'ont rempli des feuilles entières et m'ont livré des choses qu'ils ne m'auraient jamais dites autrement. Cela permet d'instaurer dès le départ un lien de confiance essentiel pour la suite. Bon, je ne dis pas non plus que ça fontionne avec tout le monde et toutes les classes, mais c'est pas mal.

Quatrième étape : trouver le temps de préparer ou de ressortir et améliorer quelques séquences pour être tranquille jusqu'à la Toussaint... ou du moins le premier mois... ou les deux premières semaines... En ce qui me concerne, je suis encore au stade de me dire que je vais préparer un maximum de séquences. La semaine prochaine, je dirai que je vais en préparer au moins une par matière, le 31 j'aurai de quoi tenir jusqu'au 7 septembre.

Eh, c'est quand même encore les vacances hein, on va pas non plus se tuer à la tâche !

Voilà ! Profitez de ces derniers jours sans nos chers bambins, ne vous angoissez pas trop, et tâchez de bronzer encore un peu !